Chorégraphie matinale et TP de Chimie Raté...

Il était à peine 8 heures du matin et Eva était venu au lycée tôt, elle avait un TP de Chimie à rattraper. Elle avait malencontreusement échappé au "Suivi d'une cinétique chimique par spectrophotométrie". Quel dommage! En effet miss Brown était tombé "très" malade quelques jours plus tôt. En réalité elle avait simplement eu quelques vomissements. Mais bon ce n'était pas le cours de chimie qu'elle tenait tant à louper, c'était plutôt le cours de sport qu'il y avait après. Franchement! Qui aimerait passer deux heures à courir en rond? Personne! Bref! Pour en revenir au fait elle était à présent en train de marcher du plus vite qu'elle pouvait pour rejoindre sa salle de science. Le prof lui avait donné trois horaires pendant lesquelles elle pouvait se présenter au labo pour travailler et être notée sur sa pratique. Mais là elle était un peu juste. Elle regarda encore une fois sa montre qui tournait beaucoup trop vite à son goût.

Elle décida donc de passer par l'atrium, un endroit de la cour connu de tous, mais assez peu fréquenté surtout en ces heures matinales. Une fois la bas elle le traverserais et enjamberait une barrière, ça lui raccourcirait le chemin d'au moins cent mètres. Les Lycées était tellement immense! Elle se dirigea entre les bâtiments, une fois arrivé dans l'atrium elle fronça des sourcils en apercevant une ombre au loin. Quelqu'un était là et qui plus est en train de danser. Elle se dit qu'elle était pressée et ne devait pas s'arrêter. Elle avait déjà vu des centaines de danseur dans sa vie et ce n'était pas un de plus qui allait tout changer. Elle traça donc sa route, mais au fur et à mesure qu'elle se rapprochait cette silhouette lui disait de plus en plus de chose. Ce n'est que quand elle fut très près qu'elle reconnue Morgan. C'était évident elle aurait même du le savoir de loin. Il avait une façon tellement personnelle de danser. Elle s'approcha et il la vit. Ils avaient déjà dansé ensembles quelquefois. Elle avait apprécié son originalité et la liberté qu'il prenait par rapport à la technique et elle s'était bien amusée à lui apprendre quelques bases de classique quand il lui avait demandé. L'opération s'était renouvelée parfois, mais ils n'étaient pas pour autant devenus proches. Il n'était pas rare chez les artistes de jouer, chanter, danser ou même peindre à deux dans des projets alors que des affinités ne s'étaient pas encore créée. Il l'avait apparemment reconnue. Elle s'approcha et commença à observer ses pas. Elle soupira, ce n'était pas aujourd'hui qu'elle irait faire son TP! Elle s'assit dans un coin et décortiqua sa chorégraphie. Elle pris a elle aussi compter les temps et, comme a chaque fois qu'elle le voyait danser s'étonna de la beauté de ses erreurs: un tour désaxé sans équilibre qui se finit sur une chute parfaitement contrôlée et immédiatement exploitée en mouvement au sol, ou encore une successions de petits pas qui perdit la mesure des temps de manière si flagrante et si élégamment intéressante qu'elle se doutait qu'il l'avait fait exprès.

Après qu'il eu finit. Il se releva de sa pose finale. Elle appuya sur le bouton du poste de radio qui se trouvait à côté d'elle stoppant nette la musique rythmé qui avait accompagné la chorégraphie. Puis elle se leva et applaudit. Il s'inclina comme pour saluer son public qui n'était actuellement composé que d'une personne, et puis s'approcha. Elle lui dit bonjour puis lui fit la bise. Elle était étonnée qu'il se souvienne d'elle. Comme elle l'avait déjà dit, il avait dansé ensemble, et elle s'en rappelait, mais pour lui cela avait du être beaucoup moins marquant. Au lycée elle n'était qu'une petite fille comme les autres qui se noyait facilement dan la masse des artistes aux looks excentriques et aux personnalités très marquées. En plus cela faisait au moins trois mois qu'il ne s'était pas vu pour partager un peu de leurs passion. Mais elle était flattée qu'il ne l'ai pas regardé, l'air de se demander qui elle était. Morgan était quand même assez connu. C'était le jeune Anglais un peu volage et très grand chorégraphe du lycée. Tout le monde connaissait son existence.
"Je suis étonné que tu te rappelles de moi. Ça fait quand même un moment qu'on ne s'est pas vu pour danser un peu! Tu sais que je suis super pressé et qu'a cause de tes conneries… …Bon ok, superbement belles conneries je vais devoir louper mon heure de cours encore une fois."
Elle rit. C'était évident qu'elle ne considérait pas ce qu'il avait fait comme une connerie, mais ça la retenait quand même. Car elle savait que Mister Hewer allait répondre. Il était assez bizarre, un peu dur à cerner, mais elle n'y avait jamais prêté attention. Le peu de fois où elle l'avait rencontré elle l'avait senti passionné, peut-être un peu prétentieux mais très dans son élément dès qu'il s'agissait de bouger. Elle avait d'abord eu assez peur, mais partager un rythme et des pas avec quelqu'un ça amène à se connaître et elle avait appris à l'appréhender. Même si ses réactions étaient dures à prévoir elle se doutait que aujourd'hui il avait envie de parler et qu'il était de bonne humeur. Il n'y avait qu'à voir son sourire. Oh! Ne vous inquiétez pas! Évidemment qu'il était beau et qu'il souriait de manière rayonnante mais elle savait très bien qu'il était gay. Il le lui avait dit la première fois qu'il avait dansé ensemble, ainsi aucune ambiguïté dans les chorégraphies.
"Oh! J'espère que je ne t'ai pas interrompu en pleine phase de création? Je suis désolée Morgan! Si tu es venu ici c'est que tu voulais sans doute être tranquille."

Il était à peine trois heures du matin et Morgan se retournait dans son lit, se demandant pourquoi il n’était pas encore sortit ce soir là. Il aurait pu aller faire la fête comme à son habitude, mais ce soir, il n’avait pas ressentit l’envie ni le besoin momentané d’aller au bar. Il avait néanmoins passé une journée des plus normales, ce qui la rendait banale et chiante. Il avait fini les cours très tard et s’en était retourné immédiatement dans son imposant studio sur Madison Street son sac en bandoulière sur l’épaule. D’un pas nonchalant il décrétait toutes les propositions qu’il se faisait à lui-même afin de savoir ce qui occupera sa soirée et sa nuit. Il était déjà parvenu dans sa rue alors qu’aucunes idées ne lui étaient toujours pas apparues. Il rentra alors tranquillement, non malheureux, non heureux, non plus… Il sortit cette habituelle bouteille à laquelle il but directement au goulot, jetant un coup d’œil dans la chambre pour voir si Ambre si trouvait mais non, elle n’était pas rentrée et le jeune homme ne pensait pas qu’elle rentrerait cette nuit. Il était seul dans cette vaste pièce sans lumières, les baies vitrées affichaient son reflet aussi se sentit-il moins seul. Malgré cela, c’était l’un de ces moments qui vous arrive parfois dans votre vie, où tout autour de vous est mort, vous êtes seul à vivre et à éprouver la solitude, une solitude grandissante au même sons de cette putain de pendule. Il pouvait arrivé que ce genre de moments soient acceptés et voulus, en l’occurrence, ça n’était pas le cas, ou enfin, si… peut-être, il n’en savait rien à vrai dire. Il se posa là, dans ce fauteuil confortable, devant la télévision, qu’il n’alluma pas. Il la regarda comme ça, sans rien faire, les yeux dans le vide, les idées vagues. Il resta dans cette position pendant un bon moment, jusqu’à se qu’il ne se s’en souvienne plus. Alors, les aiguilles de cette même pendule s’agitèrent quelque peu, il était désormais quatre heures du matin. Morgan se leva doucement, fit quelques pas en direction de la chambre puis s’arrêta net alors qu’il était au milieu de la pièce principale. Il se retourna élégamment, leva les bras puis fit quelques gestes, pas de danse afin de s’occuper, de se décontracter. La fatigue étant tout de même présente, le jeune blond préféra ne pas trop s’exciter. Il s’assit alors par terre, replia une jambe vers lui et tendit l’autre droit devant puis alla chercher son pied avec un état de grâce, de finesse et d’extrême souplesse. Il fit pareil pour l’autre jambe et répéta cet étirement quelques fois avant de passer à autre chose, toujours dans la décontraction. Il n’y avait absolument aucuns bruits, aucuns sons étrangers, sa jeune colocataire n’était pas là aussi se dit-il qu’il pouvait réjouir d’une certaine ambiance musicale. Il se releva puis alla chercher dans sa chambre un CD qu’il passa dans le lecteur, appuya sur le bouton « Play » puis revînt sur cette même place où il se trouvait une minute auparavant, mais n’était toujours pas satisfait. Il ouvrit alors l’une des baies et un léger vent frais vînt soulager le corps tendu de Morgan. Il se rassit alors contre le comptoir, dos au sol, puis s’anima de son exercice de détente préféré, jambes écart contre le mur.

" I’ll keep on living on your promises… "

Le jeune homme se réveilla en sursaut. Il était transpirant et avait une horrible douleur au dos. Il se frotta les yeux encore endormis puis se leva tant bien que mal du sol sur lequel il avait apparemment passé le reste de la nuit. Il ne se souvenait pas pourquoi ni comment il avait atterrit ici, il y avait juste cette musique qui s’élançait toujours dans le studio alors que Morgan frissonna pendant que la fenêtre était toujours grande ouverte. Il avait ce même pantalon et ce même t-shirt blanc qu’il avait la veille et la bouteille était toujours là, à l’attendre, sur le plan de travail. La pendule résonna une fois de plus, indiquant cette fois si neuf heures.

* Oh Jesus ! Fuck ! *

Il aurait du prendre à huit heures ce matin là… Il n’irait alors pas en cours. Sa motivation était telle qu’il ne pouvait même pas se déplacer jusqu’au siège le plus proche, et il n’y avait toujours aucunes traces d’Ambre. Après un petit moment où il ne cessa de bailler ou d’essayer de tenir ses paupières ouvertes, il réussi à se relever tant bien que mal, se déshabilla puis se dirigea en direction de la salle de bain où il avait dans l’intention de prendre une bonne douche bien brûlante avant de décider de se qu’il allait faire de cette journée sabbatique. Il se regarda vite fait dans la glace juste pour découvrir quelques cernes et marques du sol sur son visage, s’en était presque simiesque. Il y passa une bonne heure puis ressentit soudainement le besoin de s’évader. Il voulait juste évacuer toute cette pression qu’il avait accumulée hier soir. Il enfila quelques fringues larges et volantes pour danser, prit sa radio à l’épaule et chopa son sac d’une autre main le hissant sur son épaule libre. Il se mit alors en route, en conquête, pour une place où il pourrait exprimer toute ça chaleur et ne mit pas longtemps à trouver l’endroit idéal. Pourquoi pas l’Atrium ? C’était un endroit très peu fréquenté mais très connu. Personne n’y venait car tous trouvait cet endroit insignifiant et non caractéristiques, même les artistes n’y venaient pas faire des croquis ou des photos, seuls les danseurs venaient ici et cela lui remémora qu’il était déjà venu ici avec Eva, une jeune danseuse de classique. Tout cela remontait à quelques mois déjà et le jeune homme était dans un certain sens mal à l’aise de ne plus avoir bossé avec elle. C’était une très bonne danseuse et lui apportait beaucoup, même si elle ne pensait pas faire le poids.

Morgan avait cette même musique qu’il avait écouté toute la nuit, c’était sa chanson du moment « Bad Before Good » par Day One… C’était un chef d’œuvre, très expressif et… parfaite pour jouir du bonheur matinal et de sentir cette nature à plein poumon dès cette heure. L’Atrium était un endroit immense où l’on ne manquait jamais d’espace même si plusieurs d’entre eux [danseurs] venaient dans le but de laisser parler leurs corps. Il posa le poste dans un coin puis alla non loin de là, se préparant, psychologiquement, physiquement. Il s’étira la nuque mais renia l’envie de continuer ce perfectionnement d’entraînement, préférant, entraîné par la musique, commencer son art propre dès ce même instant. La musique parvenait aux oreilles du jeune homme très aisément et Morgan reprit quelques pas d’une chorée lointaine. Ce n’était pas le morceau le plus pratique pour représenter cette danse mais le blond l’aimait beaucoup aussi s’adapta-t-il très rapidement à son rythme. Du hip-hop montré sur un morceau plus moderne, rock indépendant si l’on voulait. Il fit jouer ses épaules, bloquant ses mouvements, il s’entraîna d’un pas sur la droite, puis vînt de profile toujours exerçant cette impulsion d’un style appelé « Pop ». Il avança ensuite puis finit par tourner sur lui-même penché en arrière, il sauta et atterrit jambes écartées, très strictes. Il effectua encore quelques mouvements très bruts avant de repasser dans du « Lock », un style qu’il aimait beaucoup, mais finit par passer au sol après avoir démontrer qu’il était compétant dans la réalisation du « Pas de bourré », l’un des pas des plus simples, l’un des pas préférés de Morgan. Il se réjouit de son « Pass-pass » puis remonta agilement reprenant dans ce style coulant et très difficile. Il reprit son souffle avec quelques « Top-rock » puis redescendit au sol pour son enchaînement final. Il raffolait de cette figure, le « Thomas », plus simplement une phase et Morgan aurait voulu continuer mais il n’avait plus la force. C’était un exercice extrêmement physique et après cette phase, il ne se sentait pas pour un « Bee-Bop » ou un « Blaze ». Il fit alors un dériver de « Spin » au sol qu’il ne réussit que comme ça, puis finit se remontant à la force de ses bras, la tête vers le sol, une main tenant l’une de ses chaussures, l’autre tentant de garder l’équilibre, à terre. Il se remit sur ses pieds, tourna puis sauta se retrouvant orientation une faisant un geste agressif avec son bras et rabaissa les épaules comme une marionnette que l’on avait assise.

* Oh God I’m good ! *

Il sourit, très content de lui, alors que des applaudissements solitaires résonnaient dans l’Atrium. Morgan se retourna et vit cette jeune fille, cette même fille à laquelle il avait pensé alors qu’il arrivait sur les lieux. Il s’approcha alors d’elle lui faisant la bise, elle souriait elle aussi et semblait avoir appréciée ce que venait de faire le jeune blond. Seulement ce dernier pensait qu’elle avait du retenir maintes fautes, qui pour elle étaient fautes mais qui pour un danseur de hip-hop représentaient l’une des plus grandes perfections que Mow’ est connues. Il rit de sa réplique, non choqué !

" Comment je pourrait oublier une chieuse comme toi Eva ? Bien sur que non, tu n’m’as pas interrompu, je commençais justement à sérieusement me faire chier de mon insuffisance. "

Evidemment, il avait dit ça en toute ironie et avec un large sourire. Il aimait beaucoup Eva Brown et s’était très vite attaché à elle…

[ + Clik sur le orange!!!! + ]

Elle rit encore une fois à sa réplique. Morgan avait toujours parlé d'une manière assez spéciale. Il aimait utiliser des mots inappropriés dans chaque situation. Il se laissait dire des trucs que personnes ne disait jamais et ça ne le gênait pas. La première fois qu'elle l'avait vu Eva s'était demandé qui ce n'était pas un peu à cause de la drogue. Elle se posait toujours la question, mais à présent son avis penchait plutôt du côté du oui. Ce n'était malheureusement pas une chose peu courante chez les artistes. Et puis franchement il fallait ce l'avouer! Morgan avait parfois une sacrée tronche de drogué! Très beau drogué certes, mais quand même.
"Ton "insuffisance", il n'y a que toi pour dire ça! Tu ne voulais pas plutôt dire "solitude" ou un truc dans ce genre là."
Elle soupira et posa son sac a terre avant de se relever rapidement.
"Tu as dis que j'était une chieuse!!!"
Elle avait omis ce morceau de sa réplique et venait de s'en rappeler.
"Tu t'es pas vu! Tu as sans doute oublié il y a trois moi, la chorégraphie moitié hip-hop moitié jazz que l'on faisait! Je cite: "Plus d'amplitude Eva! Va chercher dans le sol Eva! Les bras plus haut Eva! Le contre temps est dans la terre Eva pas en l'air!" Et après c'est moi la chieuse? A moins que tu es changé depuis qu'on s'est vu? Enfin ça n'est pas ce qu'on dit!"
Pendant qu'elle l'imitait elle avait tenté de reproduire ses mimiques. Autrefois quand il dansait ensemble il n'arrêtait pas de l'ennuyer avec ce qu'il appelait "l'intensité de la gestuelle expressive!!!". Encore une fois il n'y avait que lui pour faire ça. Et puis il lui faisait des grands gestes, parlait avec les mains et le visage. Même si on avait coupé le son on comprenait ce qu'il disait. Mais bien qu'elle ne soit pas si mauvaise actrice elle ne réussit pas à imiter son sourire. C'est vrai ça c'était vachement craquant quand il souriait mais aussi super dur à faire!

Elle se retourna et se baissa pour rallumer le poste. Elle ne s'était pas échauffée, mais qu'importait elle se sentait bien, et puis il faisait un peu chaud, ses muscles allaient supporter. Elle enleva son écharpe et sa veste, laissant découvrir un top de couleur orange sur lequel était écrit: "Cause every breath that you will take". Heureusement ce matin elle avait mit un jean un peu large dans lequel elle pouvait bouger. Elle sélectionna une chanson au pif. Appuyant sur le bouton jusqu'au 9. Apparemment c'était une compilation de plusieurs artistes car la chanson était: "Welcome to the Black Parade" de My Chemical Romance, autant dire un classique dans la bibliothèque de Morgan. Qu'importe elle se mit à danser. Dès que les premières notes de pianos résonnèrent elle débuta un enchaînement de pas classiques, accumulant les mouvements amples. Elle fit s'aligner les ronds de jambes, les battements et les sauts écart dans un état très aérien et léger. Faisant penser à une petite ballerine dans une boite à musique. Quand la musique s'accéléra elle préféra entrer dans son répertoire plus modern jazz et utilisa la multitude de petits pas qu'elle avait appris. Elle se laissa entraîner par les pas détournés, les enveloppés, les tour marché, les chassés, les piqués et évidemment les pas de bourrés, la base que l'on retrouvait dans chaque danse, mais avec une amplitude différente. Ainsi Morgan avait aussi effectué un pas de bourré, mais bien que conçu sur le même schéma il n'était pas du tout réalisé de la même manière. Elle se décida ensuite à utiliser des arabesques, des sauts attitude ou des glissades pour effectuer des diagonales dans toutes la surface qui était disponible. Cela faisait un peu penser à une course effrénée. Puis elle effectua quelques mouvement de bras et des pirouettes, dans l'axe, désaxé, des demi pointes, des pointes, des quart de pointes, des pied au genoux, pied à la cheville. Elle sortit en tout cas une bonne partie de son répertoire. C'est enfin sur le "Carry on" scandé par le chanteur qu'elle usa de ce que Morgan lui avait appris. Elle utilisa le sol et l'amplitude de ses mouvements dans des pas de hip hop dont elle ne connaissait pas le nom. Apparemment il n'avait pas pensé bon de lui apprendre. Puis sur les quelques temps de guitare elle effectua un déboulé. Pas qui pouvait paraître assez peu technique mais dans lequel il faut garder les jambes serrées lors de tout le déplacement. Les professeurs l'apprennent à leurs élèves en leur plaçant un crayon entre les cuisses. Et gare à quiconque le fait tomber. Enfin elle repris les quelques petits pas de jazz qu'elle chérissait tant et puis compta les derniers temps dans des mouvement de classique effectués sur pointe. Pas facile avec des converses basses, mais elle fit de son mieux. Enfin elle termina dans la pause si connu de la petite danseuse en tutu. Mais si vous savez ce que c'est! Celle où la gamine à les deux pieds en quatrième position l'un devant l'autre et les bras levés haut en ovale ne laissant que le bout des doigts se toucher.

Après ça elle afficha un grand sourire du genre "Tu vois moi aussi je sais toujours danser", au cas où il aurait pu en douter. Elle n'aurait jamais fait ça devant un inconnu, mais devant Morgan elle savait qu'elle pouvait danser sans peur et sans jugement de sa part. Elle s'était lâchée. La chanson suivante se déclancha, c'était "El tango de Roxanne" de "Moulin Rouge". C'était une chanson sur laquelle ils avaient dansé il y a quelques mois. Elle sourcilla en entendant les premières notes et se tourna vers Morgan d'un air interrogateur.

La musique commençait par ce petit son de piano aigu, rapide et très net, puis posait ensuite des sons plus distincts et graves. Eva était déjà partit, la chanson offrait une pause, Morgan vînt se placer derrière la jeune fille, lui tenant les bras serrés, tendu au dessus de leur tête. Elle reprenait sur ce son vif de guitare, où les deux jeunes gens commençaient à bouger très lentement et très gracieusement chaque parties de leur corps dans un désaccord de plus hostile mais des plus conquérants et organisés. Une contradiction parfaite pour ce duo d’extase et mélodieux. C’était des mouvements répétitifs et bloqués, il allaient dans un sens puis dans l’autre, jusqu’à reprendre la position initiale, têtes abaissées, concentration au complet. Puis il y avait cette percussion qui résonnait dans une continuité absolue, introduisant le Tango, alors, au son de tous ces instruments, la brune et le blond se redressèrent comme s’il ne faisait qu’un. Après un temps d’arrêt, Eva, qui se situait devant, partit sur la droite décrivant un magnifique arc de cercle alors que Morgan, qui se trouvait derrière, partit à gauche, en pas de bourré. Alors ce violon s’exclama comme une fureur dans le temps et les deux danseurs partagèrent ce roulement de bras très tendus avant de se replier sur eux-mêmes toujours dans une finalisation de geste arrêtée puis tinrent cette position jusqu’au son de violon prochain, repartant en ouverture droit devant eux, bousculant leur bustes et laissant traîner une jambe derrière qui se replaça au temps suivant. Alors que ce même violon devenait moins agressif, ils tournèrent brusquement la tête avant de marcher élégamment l’un vers l’autre, très lentement, d’un pas très décidé et très clair. Alors que l’ambiance répétitive de la musique sui s’annonçait, ils s’étaient retrouvés, face à face, toujours dans la brusquerie, ils se prirent les mains et les tailles afin de décrire cet aspect de danse qu’est le Tango. Alors que le violon reprit peu de temps après, Morgan en profita pour lâcher la taille d’Eva de la faire glisser quelques pas plus loin où il vînt la rejoindre deux temps après la reprenant sèchement et la faisant basculer en arrière sur se dur son crispant et méthodique. La voix grave du chanteur s’éleva et ils tournaient sur eux-mêmes, la jeune fille effectua des aller et retour entre l’extrémité du bras du jeune homme et son corps, puis il la lâcha plus sévèrement que les fois précédente alors que la musique donnait dans les intonations de fins de partie et ils se retrouvèrent à quelques mètres l’un de l’autre et le chanteur entama sa partie de chanson et Eva, le suivit, décrivant toute cette subtile gesticulation. Pendant ce temps là, Morgan, lui, n’avait pas grand-chose à faire si ce n’est d’effectuer quelques simples mouvement très raffinés exprimant la mélancolie et l’espoir, allant chercher sa belle Eva alors qu’elle s’éloignait, et reculant à grand pas alors qu’elle revenait, par crainte d’elle. Ce qui la faisait avancer et reculer, c’était cette voix grave et forte accumulée dans le sons strident du même violon. Elle roulait, sautait, un magnifique écart, de magnifiques prolongations de mouvements de ses bras souples et pleins de savoir. Ce solo s’arrêta lorsque la voix même s’arrêta. Son dernier mouvement étant un saut, elle atterrit dans la stricte cohérence puis approfondit sa taille, se baissant, tendant les bras droit devant elle, se regroupant sur elle, ne finissant qu’en une toute petite personne, alors que Morgan l’encerclait, la frôlait, toujours sans prendre le risque de la toucher. Cette voix, plus sourde s’élevait alors, et le blond s’élança à son tour. Eva, elle, restait à terre, se coucha, changeant de position, elle exprimait l’ennuie et ne prenait pas soin de regarder son assaillant. Ce même assaillant qui était, en l’occurrence, Morgan, pratiquait cette partie de chorégraphie beaucoup plus dans le fluide et la hauteur. Le début se déroulait toujours très proche de la jeune fille mais lorsque la voix retentit de toute belle, c’est cet art qu’il aimait tant. Il se projeta à l’opposé de la jeune brune ses mains toujours en sa direction, puis appliqua un tour regroupé avant se sauter les bras, les jambes et le corps, dans un même effort, étaient épanouis ; désarticuler te pourtant très précis, inconscient et non ensembles, c’est pourtant ceci qui décrivit l’aspect le plus important de ce spectacle. Cette déclaration indirecte, puis cette révolution, son incompréhension, tout gestes avaient un sens, toutes chorégraphies avaient un but et signifiait quelque chose. Alors que les cœurs prenaient positions dans la musique, le blond s’imposa toutes ses figures aériennes auxquels il recourait souvent, il aimait ajouter cette précision intime et avait cerclé depuis longtemps sa position dans tous ça. Ce n’était plus une demande mais une agression. La musique se déchaînait et Morgan suivit. Après quelques huit ainsi, la musique s’évanouie et le jeune homme entoura Eva, toujours à terre, de ses bras. Il roulèrent ensembles au sol mais seule la brune se releva, laissant le blond à terre l’un des bras accompagna le dernier geste de sa compagne. Elle tourna autour de lui sur des pointes, demis pointes et quart de pointe, sautant ici et là, exprimant l’impossible. C’était un moment triste et l’élégance en était ressentie. La musique stoppa alors que les deux artistes étaient de part et d’autre de l’aire où ils dansaient, se regardant fixement, laissant la musique reprendre à son rythme et de se laisser guider par elle. Le violon fit jouer de son archet alors que ce regard tenait toujours, aussi pur et incassable. Alors que tout reprenait, ils se levèrent puis coururent l’un vers l’autre, Eva se jeta dans les bras de Morgan qui la saisit au vol, la faisant valser, tourner autour de lui, exécutant quelques figures en l’air, la faisant repasser au sol, brusquement, il la relâcha et se retrouvèrent dos à dos alors que l’on entendait le violon se crisper ainsi que toutes ces voix qui se mélangeaient c’était ici c’était là oui on pouvait l’entendre, alors que la scène prenait son temps, les deux jeunes danseurs reprirent ce même mouvement d’arc de cercle de bras tendu au dessus de leur tête créant un demi tour afin de se retrouver accroupis, nez à nez pour ce beau final.

Ne voyant pas de réponse clair à son regard, Eva avait pris l'initiative de commencer la chorégraphie, insistant pour que Morgan la rejoigne. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas dansé en couple. Les derniers mois avaient été rythmés par des enchaînements en groupe ou des solos. Elle connaissait les pas par cœur et Morgan aussi. Cet choré ils l'avaient fait ensemble, sans raison particulière. Ce n'était pas la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, mais la seconde. Elle ne se rappelait plus qui avait choisit la chanson ni pourquoi. Elle avait eu sa période"tango", un passage de quelques semaines où elle s'était passionné pour cette danse et avait acheté des tas de CD. Mais si elle s'en souvenait bien c'était il y a longtemps, avant même que le jeune anglais débarque au lycée. Oh oui! Elle s'en rappelait très bien. Même si les lycées sont grands c'est un peu comme les céréales au chocolat pour garder la ligne. Il y a pleins de pétales de blés dégueulasses et seulement quelques copeaux de chocolats qui parsèment le mélange. En gros, quand un nouvel élève mignon débarquait toutes les filles était au courant en une journée si c'était un vrai dieux, en deux ou trois jours si c'était une bombe, en moins d'une semaine si il était canon, et en deux semaines si il constituait une proie partielle, au-delà cela allait du passable au laideron totale. En tout cas pour Morgan la plupart des filles avait connu son existence, je ne veux pas dire lui avait parlé, ni ne connaissait son prénom, mais chacune savait qu'un bel anglais avait débarqué au lycée de L.A. Autant dire qu'elle s'en rappelait car des garçon de niveau "un jour" il y en avait 6 par ans grand maximum. Enfin tout le monde s'en était vite fichu puisque de toute manière: "Il aime pô les filles!"

Pour en revenir à la danse elle se doutait que ce soit elle qui l'ai choisit, a moins qu'elle ait pris un truc au pif dans ses rayons de CD. Cependant c'était vraiment un morceau idéal pour bouger. Il avait un rythme très fort et puis on ressentait une vraie histoire dans la chanson. Un "je t'aime moi non plus" qu'il avaient essayé de retranscrire dans l'enchaînement. A tel point qu'un observateur pouvait s'y perdre. "Mais alors ils se mettent ensemble ou pas?". Les corps qui s'entrelaces puis se repoussent, qui se cherche dans un mouvement brutale ou qui se caresse dans des gestes tendre. Le moindre pas était un plaisir. C'était comme si ils se retrouvaient tous les deux. Elle avait oublié à quel point elle aimait danser avec lui, sans contrainte, sans emmerde, sans ambiguïté. En effet bien que la chorégraphie ait des connotations amoureuses, et des mouvements parfois assez sensuels (c'était du tango tout de même), elle ne ressentait aucune attirance pour Morgan. C'était génial, car de cette manière elle avait vraiment l'impression de jouer. Pour elle la danse était un moyen d'expression, certes, mais surtout un spectacle, un show. C'était sa prof de jazz qui lui disait cela sans cesse. "Vous danser, et vous montrez ce que vous avez dans les tripes. Mais n'oubliez pas que la scène c'est la scène, et la vie, la vie. Rien ne vous empêche d'être un autre quand vous êtes sorti des coulisses. Vous avez le droits de prendre plaisir au jeu et de faire ce que vous n'oserez jamais faire ailleurs que devant un public. Ça sert à ça le spectacle à rendre vos rêve des réalités, l'espace d'un instant." C'est vrai que c'était un peu un rêve. Enfin dans son rêve le partenaire aurait été brun et ils danseraient au milieu d'un désert de glace sans avoir froid.

Pour l'instant elle se contentait de ça, et se débrouillait pour donner le plus d'intensité possible à ses mouvements, bien qu'elle pensait que personne ne les observait. Quand on connaît une choré par cœur il est plus simple de donner de l'émotion, les pas viennent tous seuls au rythme des temps et on a plus qu'à leur donner l'intensité voulu. C'est comme donner un dernier coup de pinceau à une œuvre presque achevée. Le moment qu'elle aima le plus ce fut sans doute quand elle effectua la série de porters vers la fin. Elle avait déjà effectué des tas de mouvement aériens avec des partenaires, surtout en classique. Mais elle s'était rarement sentie aussi bien. Dans ce genre de figure il faut une grande confiance entre le porteur et la voltigeuse. Là c'était le cas. Dès que Morgan la prenait pour lui faire effectuer une pose au dessus de ses épaule elle savait qu'il la tenait bien, parfois au point d'enfoncer ses ongles dans sa peau…
…Aïe! Ils terminèrent nez à nez. Quand la musique conta ses derniers temps ils ne bougèrent plus pendant quelques seconde avant qu'Eva se mettent à rire. C'était un rire de joie et de soulagement entrecoupé de respiration forte. Ça n'avait pas été de tout repos et comme d'ordinaire elle ne s'en rendait compte qu'a la fin. Franchement cela valait le coup de louper un TP de Chimie pour ça. Elle détacha ses cheveux qui étaient jusque là retenus en chignon et tourna le dos au blondinet le temps de se diriger vers son sac et d'y prendre une bouteille d'eau. Puis elle s'assit et bu une gorgée.
"Ouah! J'ai l'impression que ça faisait des lustres que je n'avais pas danser comme ça! Merci beaucoup! Heureusement que tu étais là, qu'est-ce que j'aurais loupé sinon! Maintenant même si je t'ai ennuyé je m'en fiche complètement! Tant pis pour toi moi ça m'a plu!"
Eva lui lança un petit regard hautain rempli d'ironie. Elle but de nouveau et s'allongea sur le sol chaud l'espace de dix seconde, fermant les yeux pour profiter du soleil du matin. Puis elle ouvrit de nouveau les paupières et sourit de nouveau au jeune homme qui l'avait rejoint.
"Alors? Qu'est-ce que tu deviens? J'ai pas beaucoup de nouvelles de toi. Ou ce sont des rumeurs, j'aime pas ça, on est jamais sûr de leur bien fondé. Je préfère entendre les choses de vive voix. Et puis maintenant qu'on est là. Surtout que si tu n'as pas changé tu n'es pas très pressé d'aller en cours n'est-ce pas?"

Morgan se releva puis posa les mains sur ses hanches afin de mieux respirer. Cette chorégraphie était extrêmement fatigante et il fallait fournir un énorme travail de respiration. Au bout de tout ça, la concentration était la clef. Il alla à son tour chercher une bouteille posée près de son sac. Il entendait encore la musique résonner dans sa tête, les pas lui venaient tout seul et il serait presque retourné sur la piste. Elle était impressionnante. Malgré sa petite personne, elle dégageait quelque chose que beaucoup de monde n’avait pas. Elle était une artiste, elle était partante et son esprit était saint. Ils s’étaient rencontrés quelques jours à peine après l’arrivée de Morgan à Bev’, sur cette même musique. Eva dansait et lui passait par là, le son lui plaisait et elle, n’avait pas l’inspiration nécessaire pour parvenir à ses fins. Il était alors entré et ils s’étaient découvert et avaient montés cette chorée, il y à déjà quelques moi de cela. Elle avait cette puissance qui faisait rêver et cette précision qui en était presque déconcertante. Elle était douée pour sûr et Morgan s’était dit que cette rencontre était l’une des meilleures, et de loin. Il y a plusieurs catégories dans un lycée. Même quand on arrive, on découvre et est découvert. Il y a ceux que l’on voit et que l’on retient dans sa tête, dans l’espoir de les revoir, ceux qui nous sont indifférents, ceux qui nous font mauvaise impression, et ceux à qui l’on s’attache dès le premier regard. Le premier regard qu’avait posé Morgan sur Eva lui fut fatal. Elle était si complexe…

" T’as chiée ton tour ! "

Il souriait, mais c’était vrai, enfin, possible, ou juste, il la cherchait. Elle avait atterrit parfaitement mais avait enchaînée trop vite son tour, et ce demi temps de décalage lui fit se décaler de son tour, et avait reculée d’un pas. Il savait qu’il pouvait se permettre cette remarque, surtout dit comme ça. Ils étaient sur la même longueur d’onde et ce n’était pas rare qu’ils se cherchent comme ça pour un rien. Dans un sens, ils s’entraidaient. C’était soit parfait, soit la fatigue les emportait et ils s’arrêtaient afin de ne pas se rendre compte qu’ils ne faisaient rien de bon. Ils s’étaient toujours compris et jamais une conversation, une répétition ou une rencontre n’avaient finis en enguelade. C’était de cette façon qu’ils avaient très vite su déceler leur caractère et avaient très vite su se comprendre et finir cette danse qui, dans un temps normal, aurait du prendre un bon mois. Or, en un temps record de deux semaines et d’une motivation extrême, ils y étaient venus à bout, tout en restant très fières du résultat. Comme on dit : « Vite fait bien fait ! »…

Cette fille était l’une des rares dont Morgan prendrait très soin. Elle lui rappelait, dans certains cas, la grâce et l’audace d’Evy, cette ange venu du ciel rien que pour guider le jeune blond. Cette chorée lui était même familière car il avait plus ou moins vécut dans son espèce de salle de bal. Evangeline était plus grande qu’Eva et donnait plus d’intonation, elle était aussi beaucoup plus entraînée et était douée absolument dans n’importe quel domaine. C’était au violon que, tout les soirs ou presque, elle endormait le jeune homme alors qu’il n’avait encore que sept ans, une douce mélodie qui lui rappelait sa voix et ses mains qui le bordaient alors qu’il avait froid. Il les avaient connus de cette façon, puis les avaient retrouvé plus tard, lui tenait la nuque. Elle avait été beaucoup pour lui et représentait plus que son ange gardien. Elle lui avait montrée la voie, il lui en était très gratifiant. Il ne l’avait vu pleurer qu’une seule fois, lorsqu’elle avait du partir, dix ans après. Elle avait cette bague qui avait mit Morgan dans un état de rage alors qu’il venait de coucher avec elle, avec sa prof de philo, mais elle était tout de même partie, à Los Angeles, le raison du départ pour le jeune homme jusqu’à ce lycée, jusqu’à Bev’.

C’était le soir qu’il repensait le plus à son passé, à ses journées et aux personnes qui les remplissaient. Souvent il pensait à Eva, lorsqu’il écoutait ses CD’s et qu’il commençait à s’étirer. Tout le temps il pensait à Evy, faisant tout et n’importe quoi. Des fois, il se préoccupait des personnes avec qui il avait passé la journée : Ambre, Kay, Bridget…, assez souvent, lorsqu’il sortait, ce n’était pas n’importe quel mec qu’il embrassait, pour beaucoup de fois c’était les lèvres de Mattew qu’il reconnaissait. Il se persuadait de cette vision pour aucune raison particulière. Et le reste du temps, il ne faisait rien… Il pensait juste, restant là, assis sur ce fauteuil, devant la télé, éteinte. Il assistait aux cours plus souvent qu’il ne le faisait à Oxford. Certains profs avaient pris rendez-vous pour pouvoir discuter, lui expliquer que le séchage n’était pas la bonne solution, notamment la prof de littérature française, il lui avait alors répliqué dans un français parfait qu’il pouvait se permettre, vu l’étendue de ses connaissances, de louper certains cours, que ce n’était pas quelques heures dans sa vie qui allait foutre en l’air sa carrière, qu’il comprenait très vite, qu’il connaissait les limites mais qu’il les franchissait que si on le cherchait. Oui, il pouvait marcher la tête haute…

" Je sais pas, il se passe pas énormément de chose passionnante à raconter mais qu’est-ce qu’on dit sur moi ? "

C’était un sujet intéressant, il ne pouvait pas blairer tout ces petits merdeux qui se permettaient, eux, de faire quelque commentaire suivant la vie de quelqu’un. Il y en avait des choses à dire, vu toutes les conneries qu’il faisait, certains rumeurs devaient être plus que vrai mais qu’est-ce que ça pouvait leur foutre. Il y a toujours quelque chose à dire sur tout le monde. On peut toujours trouver quelque chose à défendre et à attaquer, seulement Morgan n’était pas une bonne cible. Qu’est-ce qu’on disait sur la petite et gentille Eva Brown ?

…

"Ce que l'on dit sur toi? Oh des tas de trucs. Tu ne serais plus homosexuel mais zoophile et en prime avec le chat de la gardienne du lycée. Si c'est pas dingue les conneries qu'on raconte!"
Elle rit! Et se tourna vers Morgan d'un air suspicieux un petit sourire en coins. Si ça se trouve c'était vrai. En quelques minutes les yeux de Morgan s'ouvrir grand. Il était surpris qu'elle puisse croire cela vrai. Elle explosa de rire cette fois-ci. Ça faisait un bail qu'elle ne s'était pas amusée. Elle se roula en boule sur le sol pour essayer de se contenir. Elle était partie dans ce genre de fou rire incontrôlable et maintenant elle avait très mal au ventre. Pourtant ce n'était même pas drôle, elle avait plus l'air idiote qu'autre chose, mais elle ne pouvait pas s'arrêter. Cela dura quelques minutes. Elle toussa un peu et se releva. Elle avait peur de devenir rouge de honte.
"Désolée, mais t'aurais vu ta tête! Évidemment que je sais que c'est faux! Non mais sinon on raconte que tu aurais rencontré un nouveau jeune homme très charmant avec qui il y aurait déjà eu contact buccal et plus si affinités! On dit aussi que tu t'es pris une grande baffe dans la tronche par une minette, mais je ne sais pas si c'est au figuré ou au sens propre. Au quel cas-tu serais revenu à des tendances hétéros… En fait les rumeurs ne s'abreuvent que de ta vie sexuelle mon pauvre garçon. C'est triste d'être si connu."

Et c'était vrai les gens ne parlaient presque que de ça quand on abordait le sujet de Morgan. Alors avec qui il est maintenant? Il est toujours gay? Vous êtes sûr qu'il ne sort pas avec une prof? Franchement vous ne trouvez pas qu'il est vraiment beaucoup efféminé? Ça ne serait pas une nana? La plupart du temps c'étaient des filles en manque d'amour qui répandaient ces rumeurs débiles parce que elle guettait le moindre moment où elle aurait enfin un petit espoir de le draguer. C'était pathétique. Enfin il fallait bien avouer que les ados n'avaient qu'un plaisir c'était de parler de cul apparemment. Ne nous mentons pas, les enfants parlent de jouets, les ados de cul, les adultes de boulot, les vieux de prothèses dentaire et de maladie cardio-vasculaires. Bonjour la déprime!

A présent ils étaient tous les deux allongés sur le bitume et regardaient le ciel. Le vent venait caresser leurs corps et les rafraîchir un peu. Le soleil brillait et colorait doucement leurs peaux. Eva avait bien besoins de bronzer ça tombait bien. De toute manière elle était assez blanche à la base. Qu'est-ce qu'elle enviait les filles d'ici, avec leur peau halé presque brunes. Ils restèrent un moment sans rien dire juste à regarder les nuages qui faisaient des formes, comme deux gamins:
"-Oh! Un chien!
-Oh! Regarde! Un dragon Tortue!
- Ça n'existe pas un dragon Tortue!
-Si! C'est un dragon avec une carapace! "
Ces mots étaient venus seul à l'esprit de la jeune fille. C'était le genre de conversation qu'elle avait avec son frère il y a quelques années. Elle aurait aimé l'appeler, mais aujourd'hui il était en consultation à l'hôpital, elle n'aurait pas de nouvelles avant le soir. Ça faisait au moins une semaine qu'elle ne l'avait pas vu! Elle se promis secrètement qu'il passerait au moins une partie du week-end ensemble, et elle se forcerait à ne pas penser que c'était peut-être le dernier. Une petite larme perla au coin de son œil droit. Elle la laissa couler puis se ressaisie. Il fallait qu'elle arrête d'y penser.
Il fallait qu'elle pose une question à Morgan. Il y avait une autre rumeur, beaucoup moins drôle. Elle tourna sa tête et le regarda.

"On dit aussi que tu veux rentrer en Angleterre, mais je sais pas c'est une quiche du club d'échec qui me l'a dit alors…"
Sa voix était un rocailleuse. Elle l'était déjà la base mais là comme elle n'avait pas parlé depuis quelques minutes, qu'elle était allongée et qu'elle venait de repenser à des choses qui lui avaient serré la gorge ça partait carrément en couille. Elle toussota de nouveau pour tenter de la dégager. Elle n'était pas vraiment encore prête à devenir Kurt Cobain numéro 2.
Ça ne lui aurait pas plu que la rumeur s'avère vraie. Elle ne le connaissait pas bien mais il avait un peu une allure de grand frère, et elle avait l'impression qu'il tenait un peu à elle quand même. Elle avait eu extrêmement de mal à se lier à des gens ici et avec lui ça avait été si facile! Bien qu'il la gonfle sérieusement parfois avec ses phrases sans queue ni tête et ses mots de huit syllabes. Aaaarrrrffff!!!! Il était sympa quand même. De toute manière personne n'est indispensable mais tout de même, il y a des gens qui son plus important que les autres, et elle n'avait pas encore trouvé de danseur égal au blondinet dans le lycée. Il n'y avait vraiment que lui pour avoir une expression aussi grande, et aussi un sens du partage artistique aussi développé. Ce n'était pas un popol qui ne pensait qu'à être le meilleur au point d'oublier de partager son talent et son savoir!

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